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العنوان
L’expression de la souffrance chez Françoise Chandernagor dans « L’Enfant des Lumières »,
« La première épouse » et « La Chambre »/
المؤلف
Mohamed, Chahinaz Sabri.
هيئة الاعداد
باحث / شاهيناز صبري محمد عبد العال
مشرف / مها مرقس منصور
مشرف / منال زهران البيومي
مشرف / دينا محمد صلاح شافعي
تاريخ النشر
2023.
عدد الصفحات
171p. :
اللغة
الفرنسية
الدرجة
الدكتوراه
التخصص
الأدب والنظرية الأدبية
تاريخ الإجازة
1/1/2023
مكان الإجازة
جامعة عين شمس - كلية التربية - اللغة الفرنسة
الفهرس
Only 14 pages are availabe for public view

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Abstract

Cette étude est née d’une admiration passionnée que nous avons éprouvée dès la toute première lecture des oeuvres si subtiles et si éloquentes de cette romancière sublime. En effet, la puissance de ses récits émane du fait qu’elle produit un charme puissant et indéfini. La grandeur de sa vocation littéraire réside dans sa capacité de mettre à nu les sentiments angoissants enfouis dans le for intérieur des personnages englués sans répit dans leur souffrance, un thème touchant dont nous pouvons retrouver l’écho fidèle dans l’écriture chandernagorienne.
Tout d’abord, nous allons souligner ce que nous entendons par souffrance :
En fait, la souffrance est définie comme « une douleur physique ou morale » . Elle est un ressenti conscient ou inconscient qui naît à la suite d’une expérience émotionnelle ou sensorielle pénible. Selon Freud, il existe trois causes du malheur de l’être : la souffrance du corps, l’hostilité du monde extérieur ou les relations avec les autres . Ainsi, la souffrance est une problématique inhérente à la vie de l’homme. Tout être, au cours de son existence, affronte souvent des apories douloureuses. Ce sentiment est donc considéré comme l’apanage exclusif de tout individu : « La souffrance est une impossibilité de se détacher de l’instant de l’existence. Elle est l’irrémissibilité même de l’être. Elle est le fait d’être acculée à la vie et à l’être. »
En outre, cette émotion bien qu’elle soit angoissante, elle aide l’homme à amoindrir son solipsisme et à amortir son égocentrisme. Nous pouvons déclarer que la souffrance humanise l’individu et lui apprend à s’aimer et à s’altruiser . Les êtres affligés sont les plus capables de souffrir « pour autrui » . Nous pouvons se référer à Blanchot qui affirme que « l’homme doit souffrir afin de soutenir le rapport avec l’autre qui souffre. »
Pourtant, l’homme n’arrive pas parfois à franchir les épreuves pénibles auxquelles il est confronté. Ainsi, il s’enlise expressément dans son chagrin et éprouve la souffrance dite paroxystique. Cette dernière « représente un état au cours duquel les personnes semblent avoir comme perdu face à leurs souffrances et ne parviennent plus à s’en relever » .
Mais pourquoi avons-nous choisi précisément Françoise Chandernagor?
Née à Palaiseau en 1945, Françoise Chandernagor est une romancière et essayiste française. Membre de l’Académie Goncourt, cette écrivaine prolifique a écrit douze romans, trois essais et une pièce de théâtre. Plusieurs de ses œuvres ont été traduites en quinze langues. Elle était aussi membre du conseil d’état en 1969. Elle a, de même, occupé maints postes dans des administrations extérieures. En 1993, elle se consacre complètement à l’écriture. À vrai dire, Chandernagor n’est pas seulement une écrivaine, mais aussi une penseuse perspicace et une critique audacieuse. C’est dans le cadre de cette thèse que nous allons tenter de naviguer de plus en plus dans les pensées et les idées de cette romancière de talent remarquable et de virtuosité géniale et de mettre l’accent sur l’originalité et la richesse de ses œuvres qui laissent un arrière- goût notamment inoubliable et impressionnant. Cette auteure demeure très représentative de la littérature française et reste à jamais une étoile brillante dans le ciel du monde littéraire.
Voyons maintenant pourquoi notre étude s’est portée sur ces trois œuvres?
Parmi les œuvres de Françoise Chandernagor, notre choix se fixe sur trois où la romancière s’évertue à donner à l’expression de la souffrance, notre problématique, une portée bien particulière. Les trois romans sont les suivants : L’Enfant des Lumières, La première épouse et La Chambre.
Le premier roman intitulé L’enfant des Lumières montre par excellence la situation minable et déplorable d’une femme qui était condamnée à quitter sa ville avec son fils après le suicide de son conjoint, le comte Breyves, à la suite de la Révolution française. Ainsi, toute sa vie est consacrée à l’éducation de son enfant âgé de sept ans, souhaitant que celui-ci ne soit pas veule et apathique dans ce monde inexorable et implacable.
Quant à La première épouse, c’est un roman qui décrit l’état psychologique d’une veuve qui pleure son mari vivant à la suite de sa trahison. Catherine, le personnage principal, savait que son conjoint était volage mais elle n’a jamais douté du fait qu’elle représentait pour lui La première épouse, la confidente et l’âme sœur. Ainsi, elle sombre pleinement dans une irrémédiable détresse et dans une incurable angoisse après son divorce. Chandernagor a souligné l’état d’âme de cette femme tourmentée de la douloureuse rupture avec son partenaire. À la fin du roman, après maintes tentatives de résister et de vaincre son chagrin, Catherine accepte l’idée de la séparation de son mari tout en refusant d’être engluée dans les dédales de cet amour défaillant.
Enfin, La Chambre est un roman historique qui souligne la séquestration du Dauphin Louis-Charles de France par les révolutionnaires après la déchéance de la famille royale. Ce récit peint le portrait physique et psychique d’un enfant confiné jusqu’à la mort dans une cellule morbide et fait surtout assister le lecteur à la lente dégradation morale et physique de ce petit prince découronné.
En effet, l’écrivaine à travers sa plume impressionnante, tente de montrer sans ambages, dans ses deux romans, L’enfant des Lumières et La Chambre, les années sombres qui suivent la Révolution car « l’histoire exige une écriture.» . La romancière s’adonne à l’écriture des œuvres historiques, voulant devenir une peintre réaliste de cette période déchirante et sanglante de la société française. Ces deux romans font des zooms sur la Révolution française et captent avec une virtuosité et une profondeur sans pareilles les répercussions, les maux et les malheurs qu’elle engendre.
Bien que chaque roman ait son propre récit, le thème est presque le même : la souffrance des personnages à la suite d’une lugubre aporie. Ces êtres se trouvent dans une situation endolorie rendant leur rédemption de plus en plus inenvisageable. Il importe de mentionner que Chandernagor s’intéresse pleinement, dans ses œuvres, à décrire les sentiments psychiques des enfants et des femmes parce qu’ils sont comme des « personnages de second plan (…) puisque l’histoire s’est moins intéressée à eux- il y a des vides qu’il faut remplir (…) ce sont leurs pensées, ce qu’ils ont pu ressentir, comment est-ce qu’ils vivaient les choses. »
Force est de signaler que les œuvres traitées sont considérées comme des romans à thèse parce qu’elles contiennent des réflexions et des idées politiques, historiques et philosophiques. Les œuvres de Chandernagor restent ainsi une marque tangible de l’éminence de son talent et de l’éloquence de son style.
Après avoir justifié le choix du sujet et de l’écrivaine, nous proposons de fournir un bref synopsis de notre étude.
Notre étude se compose de deux parties : la première intitulée : « Souffrance psychique et physique des personnages » s’articule en deux volets.
Dans le premier chapitre ayant pour titre « La perspective ontologique de la souffrance », nous étudierons les manifestations de la douleur psychique et physique des personnages. Nous nous proposons aussi de cristalliser la résistance des personnages pour atténuer leurs souffrances intolérables et leurs fêlures ontologiques. Et à la fin du chapitre, nous allons répondre à la question suivante : comment les êtres chandernagoriens luttent-ils contre leurs angoisses inductiles pour ne pas se piéger dans leurs malheurs ineffables?
Dans le deuxième volet intitulé « De l’espace écrasant à la temporalité corrosive », nous tenterons d’encadrer le monde des souffrants afin de le dévoiler dans l’espace et le temps. D’une part, nous éclaircirons le rapport entre le cadre spatial et le chagrin indéfini des personnages. D’autre part, nous aborderons l’influence de l’ancrage temporel sur la psyché des personnages dans le but de montrer, à travers les différents écarts d’espaces et de temps, l’image de l’être en perpétuelle douleur.
En ce qui concerne la deuxième partie intitulée « Les procédés stylistiques de la souffrance », elle renferme également deux volets :
Le premier chapitre ayant pour titre « L’expression de la souffrance à travers les figures de style », servira à cristalliser comment l’art de Chandernagor est basé sur une variation de figures de style visant à transmettre aux lecteurs un message et à communiquer profondément les émotions des protagonistes. Ainsi, les procédés stylistiques y sont étudiés tels que les figures de sens : (la comparaison et la métaphore), les figures de construction : (la répétition) et enfin les figures de pensée : (l’énumération).
Et dans le dernier chapitre intitulé « Les modalités du discours et le jeu des temps verbaux », nous mettrons en évidence les modalités du discours comme l’interrogation et l’interruption. En fin de compte, nous clôturons ce chapitre par l’étude des temps verbaux qui s’articule en deux séquences : le monde commenté englobe les temps commentatifs comme le présent, le passé et le futur ainsi que le monde raconté comprend les temps narratifs comme le passé simple, l’imparfait et le conditionnel.
Dans ce travail, nous nous proposons d’aborder les aspects de la souffrance en nous basant sur plusieurs approches. Ainsi les traiterons-nous d’un point de vue critique, psychanalytique et stylistique. Nous nous référons aux ouvrages de Bachelard (1949-1957-1993), d’Yves Reuter (1991) et ceux du psychanalyste Sigmund Freud(1917-2002) qui nous aident à mieux éclaircir notre thème et à mieux comprendre les relations inter-personnages ainsi que l’ancrage spatio-temporel et son impact sur eux. À ces ouvrages précédents, nous ajouterons d’autres fondés sur la stylistique et la rhétorique comme ceux d’Harald Weinrich (1973), Henri Suhamy(1981), Catherine Fromilhague (1995) et Pierre Fontanier (1996) qui visent à mieux expliquer les figures de style, les modalités du discours et le jeu des temps verbaux. À la fin de notre travail, nous serons capable de répondre aux interrogations suivantes : Jusqu’à quel point la résilience des personnages et leurs tentatives de vaincre les anfractuosités de leurs douleurs seront-elles fructueuses et comment leurs incapacités à fuir la fatalité de leurs destins les obligent-elles à se cloîtrer dans leurs souffrances ?