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العنوان
Alexandrie et textes fictionnels : ”regards croisés”
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المؤلف
Omar,Amira Omar Abd Allah
هيئة الاعداد
باحث / Amira Omar Abd Allah Omar
مشرف / Marcelle Ramzi
مشرف / Fatma Abd El Meguid
تاريخ النشر
2015
عدد الصفحات
355p.;
اللغة
الفرنسية
الدرجة
الدكتوراه
التخصص
الأدب والنظرية الأدبية
تاريخ الإجازة
1/1/2015
مكان الإجازة
جامعة عين شمس - كلية البنات - اللغة الفرنسية وادابها
الفهرس
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Abstract

Textes générés par des intentions différentes, tels sont Les Alexandrins de F. Sureau, Personne ne dort à Alexandrie et Les Oiseaux d’Ambre d’I. A. Meguid.
Le premier nostalgique d’une époque révolue, parle d’une ère spécifique celle du cosmopolitisme et de sa fin, déterminant celle de la ville elle-même, disparition notée dans d’innombrables phrases.
Il est donc question d’une classe privilégiée et dominante et de ceux qui y étaient venus de toutes parts de l’Europe ou du Levant, en refugiés ou en investisseurs et qui, avec le temps, régnaient en maîtres de la ville jusqu’au jour où tout a basculé ; le jour où Nasser, avec sa politique de nationalisation met fin à cette vie bienheureuse, et à cette période, où ils ont profité des potentialités qu’offraient la ville et le pays et ont joui d’un mode de vie qu’ils se sont dessiné.
Ne lit-on pas dans Les Alexandrins même cette phrase significative, attribuée au père jésuite Grammont, le plus détaché de tout, à la vision la plus profonde, et qui a vécu en Egypte près de trente ans, et s’apprête à partir :
̋ Ce ne sont pas des vies bien propres, bien nettes, qu’on emmène avec soi, des vies pures, mais des vies souillées par le temps […] Ce qu’il y avait à saccager, avant que Nasser ne s’en mêle, nous l’avons fait. Nous pourrions bien partir maintenant.̏ Alex. p 34
Et si le départ massif des étrangers est décrit de façon plutôt globale, c’est la disparition d’Alexandrie, parallèlement à celle du cosmopolitisme, qui constitue, dans une grande mesure l’essentiel du texte de Sureau. Les phrases qui le disent, sont par ailleurs innombrables . Disparition matérialisée surtout par celle de la classe privilégiée, soit par la mort – celle d’Abbas pacha – soit par le départ qui prend des formes diverses.
Pour Raouf Sakakini qui ne cesse de proclamer son attachement au roi Farouk , il s’agit d’une disparition qu’il espère momentanée. Mais en fait, elle reste problématique, avec sa conviction ̋ d’y revenir quand tout sera fini ̏, phrase qu’il répète, visant de toute évidence le régime nassérien.
Quant à Maher, perdant l’Alexandrie de son enfance et de sa jeunesse, sa disparition de la ville sera définitive, reprenant sa vie errante en attendant de se fixer en un point, qu’il ne connait pas.
Enfin pour Elias, découvrant, en une mise en abyme, sa fonction d’écrivain, Alexandrie sera la ville de la Mémoire, c’est sa façon de la sauver de la disparition. Laurence Durrel n’avait-il pas écrit : ̋ Il se peut très bien qu’Alexandrie soit la capitale de la mémoire. Mais Alexandrie n’existerait pas si la mémoire ne l’avait pas inventée ̏.
En fait, pour F. Sureau, l’Alexandrie dont il parle, qu’il remémore ou qu’il réinvente, se présente comme un domaine fermé, aux murs étanches entre son nord et son sud. Une ville presque autonome qui se distingue par son caractère propre, sans attaches presque avec le reste de l’Egypte, à laquelle elle appartient géographiquement et qui ne sert qu’à fournir la domesticité nécessaire à la classe privilégiée. Et c’est avec l’intrusion des hommes venus de cette terre d’Egypte , avec la politique de Nasser, qu’on entendra sonner le glas de la ville, Alexandrie, et qu’on verra la fin d’une époque, d’une ère, celle du cosmopolitisme.
Quant à I. A. Meguid, parler d’Alexandrie, était pour lui, un retour aux sources, comme il le dit lui-même dans son livre Aux sources de l’écriture.
C’est ainsi que dans son premier roman, Personne ne dort à Alexandrie, il tenait à rendre hommage à la génération de son père. Cheminot qui, avec tant d’autres – venus travailler à Alexandrie et vivant dans les faubourgs sud de la ville, inconnus des classes privilégiées – avaient travaillé dans les années 40, dans les conditions les plus dures, à l’installation des voies ferrées, celles qui s’étendaient d’Alexandrie jusqu’à la frontière libyenne, à Al Hammam et Al Alamein. Génération qui a connu de près la deuxième guerre mondiale et ses batailles sanglantes, dans cette partie de l’Egypte où se sont affrontées les armées anglaises et les armées italiennes et allemandes.
Hommage à la ville blanche qui vit dans la tolérance et l’amour, et qui sait se faire aimer de ceux qui y viennent et qui ne tardent pas à devenir des Alexandrins à part entière :
̋ Quelle force cette ville lui a donnée, [se dit Zahra, épouse de Magd El Dine] pour qu’elle l’aime et y reste alors que ses habitants l’abandonnent ? ̏ P.N.D. p 186
Hommage également à la ville vaillante qui a connu les feux d’une guerre, dans laquelle elle n’était point impliquée, mais que, par sa situation géographique et politique – l’Egypte étant occupée par les Anglais – elle devait subir. Elle a connu des nuits où ̋ personne ne dormait ̏ à cause des raids allemands. Elle a connu les incendies et les maisons détruites causés par les obus allemands ; comme elle a vu ses habitants se précipiter de quartier en quartier, pour sauver ceux qui étaient enfouis sous les décombres. C’est par cette résistance passive des Alexandrins qui ont refusé de quitter leur ville qu’elle a contribué à la victoire des Anglais.
̋ Alexandrie a défendu l’univers, écrit I. A. Meguid rappelant cette guerre […] elle a défendu la démocratie et la liberté là où elle se trouve, elle la ville occupée par une armée anglaise ̏.
D’autre part, parlant de ses deux romans dans son livre Aux sources de l’écriture, il utilise les termes ̋ d’élégie ̏ et ̋d’hymne ̏. Elégie de la ville cosmopolite et hymne à l’honneur de son sens patriotique débordant.
Mais pour Les Oiseaux d’Ambre, il ne s’agit pas seulement de la fin du cosmopolitisme symbolisée par le départ de Katina, il s’agit également d’un autre retour, cette fois à sa jeunesse et d’un hymne à cette jeunesse avec laquelle il a vécu, dans le quartier de Karmouz, au bord d’Al Mahmoudeiah qu’il décrit aussi, toujours dans son livre Aux sources de l’écriture :
̋ La rivière Al Mahmoudeiah n’est pas une simple rivière mais c’est un trésor de secrets spirituels, un espace imprégné de mort, de folie, d’amour et de gaité .̏
Hommage donc à tous ces jeunes, ces ̋ oiseaux d’ambre ̏, avec lesquels il a partagé tant de souvenirs et sur lesquels le texte lui-même s’est édifié.
Hommage et hymne à cette ville Alexandrie la blanche comme il l’appelle, et dans laquelle il a goûté tant de petits plaisirs qui ont illuminé la petite vie de cette classe.
Hommage que traduit ce souci de noter cette série de noms de personnes originaires d’Alexandrie, hommes célèbres et moins célèbres, chanteurs, artistes, peintres, penseurs ou écrivains ; noms qu’il tient à citer pour les ancrer dans la mémoire du temps.
En fait ce qu’I. A. Meguid cherche surtout, comme il le dit lui-même. C’est ̋ rendre l’esprit d’une ville, Alexandrie ̏. C’est pourquoi on assiste à ce foisonnement de récits et surtout de détails authentifiés dans ses deux textes. Détails concernant des évènements politiques d’ordre local et international, des nouvelles de tous bords, les livres publiés comme les films projetés. On trouve des statistiques concernant les recensements des natalités et des mortalités dans la ville d’Alexandrie, détaillant les chiffres des étrangers et des autochtones, comme il rapporte les faits divers et même les prix des légumes en période de crise.
Avec tant de détails, enregistrés par I. A. Meguid, après recherche dans la presse de l’époque, il y insiste lui-même, c’est une valeur testimoniale certaine bien plus grande que chez F. Sureau qui vient se joindre à la valeur littéraire des textes d’I. A. Meguid.
Pour conclure, disons que chez F. Sureau, Alexandrie, avec le départ des étrangers, rompait avec l’Histoire, celle de l’ère du cosmopolitisme.
Chez I. A. Meguid, Alexandrie retrouve ses liens avec le passé tout en commençant une nouvelle ère, celle de son égyptianisation : une ville ouverte à son présent et à son avenir.
Dans le texte de F. Sureau, Pharaon, après le départ massif des étrangers, voyant la foule – non étrangère – au terminus de Ramleh se demande :
̋ Mais où donc étaient tous ces gens ?̏
et à Fawzi de répondre :
̋ Ces personnes sont chez eux dans une ville d’Egypte ̏ Alex p 217
la phrase est certes attribuée à l’homme du régime, mais c’est Sureau qui l’écrit.
Et dans Les Oiseaux d’Ambre, I. A. Meguid écrit, après les derniers départs :
̋ Alexandrie revient à ses propriétaires ̏ L.O. D. p 339
Paroles concordantes des deux écrivains.
Les Alexandrins, Personne ne dort à Alexandrie, Les Oiseaux d’Ambres, trois textes difficiles à épuiser en une seule recherche. Riches, ils se prêtent à être encore explorés.