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Abstract Le premier chapitre, est axé sur la Renaissance de la poésie et la place principale qu’occupe celle de Louis Aragon (1897 -1982). Notre intérêt pivote autour d’Aragon, dès la date du pacte Germanosoviétique de non-agression d’août 1939. C’est une date qui forme, pour lui, un virage aigu et l’oblige à changer de position avec l’ébranlement de son idéologie communiste. Thorez, un camarade et chef du Parti Communiste Français, confie à Aragon, en 1933, la revue Commune. Il partagera avec Paul Nizan la direction de cette revue qui deviendra leur outil pour mobiliser les intellectuels antifascistes. Aragon est, à cette époque le chef d’orchestre des relations entre les intellectuels de gauche et le Parti Communiste Français (PCF). L’influence de l’URSS est incontestable sur le poète Aragon. C’est à Moscou qu’il contacte, pendant l’été 34, les milieux littéraires de Moscou dont Elsa Triolet et Lili Brik qui lui en ouvrent les portes. Aragon, passe alors à la clandestinité littéraire, devenue impérative pour un Communiste engagé pendant cette drôle de guerre qui donnera les poèmes du Crève-coeur, publiés par la Nouvelle Revue Française (NRF) dès décembre 1939. C’est une oeuvre entièrement inspirée de la guerre, l’exode et l’armistice de 1940. Le public reçoit étrangement le Crève-coeur, en l’assimilant, au début de la guerre, à un ralliement des communistes dispersés, et après la défaite, à un refus de celle-ci et à un appel à la résistance. Aragon guidera personnellement le public à la lecture de ce recueil comme il souhaite. A partir du mois d’avril 1940, Aragon fait preuve d’une fécondité littéraire exceptionnelle. Il publie Poètes Casqués où il est inspiré de la technique de la versification d’Apollinaire qui, pour lui, est le poète qui parle de la guerre sans le montrer. Si on lit ces poèmes comme un appel à la résistance, il faudra en prendre le bel exemple dans « les Lilas et les Roses » paru au Figaro en septembre 1940. Ce poème fait partie d’une série publiée dans les petites revues dans cette année et celles suivantes pour des poètes qui cherchaient à passer leur contribution littéraire à la résistance. Drieu La Rochelle, qui opte pour les Allemands, dénonce en 1941 « tous ces appels à demi-mot qu’Aragon répand dans les revues littéraires et poétiques cousues de fil rouge pour la résistance ». Aragon répond à cette dénonciation par le poème « Plus belle que les larmes ». Mais l’élément le plus important de la résistance littéraire est l’appel aux écrivains pour passer à l’acte. Il faut donc inventer des procédés littéraires capables d’imposer cet appel. C’est le cas du Crève-coeur et des Yeux d’Elsa. Aragon devient alors l’axe de toute une organisation. Il tentera de porter le rôle de la voix de la vie littéraire auprès du Parti et celle du Parti auprès des écrivains. La vie clandestine lui impose des pseudonymes et sera, pendant la guerre, Aragon, mais aussi François La Colère, Blaise d’Ambérieux, Arnaud de Saint-Roman et « le Témoin des martyrs ». Il gardera le pseudonyme, après la Libération, le seul pseudonyme d’Aragon qui lui vaudra la gloire nationale puisqu’il sera le symbole de la Résistance littéraire et passera ainsi au premier rang des hommes de Lettres. C’est . Aragon trouve, avec la poésie de la guerre, l’expression littéraire de son engagement politique, avec un ton et une forme doublement politique et littéraire. C’est la poésie de la nation. Il ouvre la nouvelle collection « Poètes d’aujourd’hui » et s’inscrit dans l’histoire littéraire. Dans « la Rime en 40 » Aragon affirme que « nous sommes à la veille d’une période aussi riche et aussi neuve que le fût l’ère romantique », en une sorte de retour à la référence des militants communistes des poètes du XIX siècle. Leur modèle est le grand Victor Hugo (Avez-vous lu Victor Hugo ?, Éditeurs Français Réunis, 1952 ; et Hugo poète réaliste, Éditions sociales, 1952). Après 1944, les institutions de la Résistance littéraire: le Comité National des Écrivains et les Lettres Françaises, vont durer et seront contrôlées par Aragon qui y jouera un rôle clé pour poursuivre son rôle de Maître-poète de la résistance. La guerre est donc l’occasion qu’Aragon a su saisir et maîtriser pour mener cette forme de résistance littéraire qui lui vaut un triomphe sans exemple en le plaçant au premier rang des poètes engagés qui gardent encore le prestige de cette gloire. Le deuxième chapitre et dernier chapitre, consacré aux romans des années 40-45, jettera principalement la lumière sur Louis- Ferdinand Destouches alias Loui-Ferdinand Céline (1894-1961), un des auteurs qui marque cette époque par cette audace sans exemple qui suscite encore la polémique. ”Mort à Crédit”, deuxième roman publié en 1936, quatre ans après le premier qui lui avait valu la célébrité ”Voyage au Bout de la Nuit” (1932), a frappé de plein fouet le milieu critique français. Le roman prépare déjà le chemin à un écrivain qui va, lors de la seconde guerre mondiale, fustiger la société, l’homme et la politique défaillante qui a conduit à cette déchéance humaine de guerre. ” J’aime mieux raconter des histoires. J’en raconterai de telles qu’ils reviendront après pour me tuer des quatre coins du monde”, dira Céline à la fin de son roman. Tuer, pour lui, est le destin des hommes qui disent la vérité. ”Mort à Crédit” contient toute la détresse de l’homme. C’est le coup d’alarme qui prépare la guerre. La première guerre mondiale a fortement marqué Céline. Il est désormais incapable de faire confiance en cet homme ”cannibale” qui ne sait déguster que la chair humaine en se prétendant ”civilisé”. C’est l’angoisse devant cette vérité atroce qui sera l’étendard toujours hissé par Céline. Trois ans à peine sont venus certifier et ratifier ce document ”Mort à Crédit” écrit dans la colère et l’indignation. Mais le drame de la première guerre mondiale vécue par Céline l’a placé devant sa propre peur d’une récidive humaine. Si nous considérons Céline comme une figure de l’époque de la deuxième guerre mondiale, il faudra dépasser la dimension de militarisme et jeter un coup d’oeil sur l’autre aspect de la guerre qui a obligé certains intellectuels à se battre ”autrement”. Louis-Ferdidand Céline est en quelques sortes le mauvais présage de cette guerre ”le coup d’alarme”. |